Qui paie les frais de tutelle ?

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By Aurélien Boulanger

La mise sous tutelle représente une mesure de protection juridique indispensable lorsque les capacités mentales ou physiques d’une personne majeure sont altérées. Cette procédure génère différents coûts qui doivent être assumés par diverses parties. Comprendre qui paie quoi dans ce processus permet d’éviter les mauvaises surprises et de mieux se préparer.

Points clés à retenir

Type de fraisQui paie ?Montant approximatif
Certificat médicalPersonne à protéger160 à 200€
Procédure judiciaireGratuit0€
Tuteur familialGénéralement gratuit (indemnités possibles)Variable selon décision du juge
Mandataire judiciairePersonne protégée selon ses ressources + ÉtatDe 0 à 453€/mois selon ressources
Frais de gestion couranteRessources de la personne protégéeSelon budget personnel

Les frais liés à l’ouverture de la tutelle

Le certificat médical

L’ouverture d’une tutelle nécessite obligatoirement un certificat médical circonstancié. Ce document, rédigé par un médecin inscrit sur la liste du procureur de la République, constitue la pièce maîtresse du dossier.

Le coût de ce certificat varie entre 160€ et 200€ et reste à la charge de la personne à protéger. Si cette dernière ne dispose pas des ressources suffisantes, la personne qui engage la procédure devra avancer les frais.

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Dans certaines situations d’urgence ou de grande précarité, une aide juridictionnelle peut être sollicitée pour couvrir ces dépenses.

Les frais de procédure judiciaire

Bonne nouvelle : la procédure judiciaire d’ouverture de tutelle est entièrement gratuite. Les démarches auprès du juge des tutelles n’entraînent aucun frais de justice, ce qui facilite l’accès à cette protection pour tous.

Cette gratuité concerne également :

  • Le dépôt de la requête
  • L’audition par le juge
  • La notification de la décision

La rémunération du tuteur

Tutelle exercée par un membre de la famille

Lorsque la tutelle est confiée à un membre de la famille (enfant, conjoint, frère, sœur…), la mission est généralement exercée à titre gratuit. Ce principe de gratuité s’inscrit dans les valeurs de solidarité familiale reconnues par la loi.

Toutefois, le juge des tutelles peut accorder des indemnités exceptionnelles dans certains cas :

  • Gestion particulièrement complexe du patrimoine
  • Importance significative des biens à administrer
  • Charge exceptionnelle pour le tuteur familial

Ces indemnités sont alors prélevées sur les ressources de la personne protégée, après validation par le juge.

Tutelle confiée à un mandataire judiciaire professionnel

Lorsqu’aucun membre de la famille ne peut assumer cette responsabilité, un mandataire judiciaire à la protection des majeurs (MJPM) est désigné. Ce professionnel perçoit une rémunération pour ses services.

La personne sous tutelle participe au financement de cette mesure selon un barème progressif basé sur ses revenus :

  • Aucune participation si les revenus sont inférieurs au montant de l’AAH
  • Participation partielle pour les revenus moyens
  • Participation maximale plafonnée à 453€ par mois pour les revenus élevés
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Le reste à charge est financé par l’État dans le cadre de la protection sociale.

Les dépenses courantes et frais annexes

Gestion des dépenses quotidiennes

Le tuteur gère les dépenses courantes de la personne protégée en utilisant exclusivement les ressources de cette dernière :

  • Loyer et charges liées au logement
  • Alimentation et habillement
  • Frais médicaux non remboursés
  • Impôts et taxes diverses

Cette gestion doit respecter scrupuleusement le budget établi et validé par le juge des tutelles.

Frais exceptionnels et avances du tuteur

Il arrive que le tuteur doive avancer certaines dépenses pour le compte de la personne protégée. Ces avances peuvent concerner :

  • Des frais médicaux urgents
  • Des réparations imprévues dans le logement
  • Des dépenses exceptionnelles liées à un événement particulier

Le remboursement de ces avances est possible, mais nécessite systématiquement :

  • L’accord préalable du juge pour les dépenses importantes
  • La présentation de justificatifs rigoureux
  • Une transparence totale dans la gestion comptable

Le contrôle des frais de tutelle

L’obligation de rendre des comptes

Le tuteur, qu’il soit familial ou professionnel, doit présenter annuellement un compte de gestion détaillé au juge des tutelles. Ce document recense :

  • Toutes les dépenses effectuées
  • Les ressources perçues
  • L’évolution du patrimoine de la personne protégée

Cette obligation garantit la transparence de la gestion et protège les intérêts financiers de la personne vulnérable.

La surveillance du juge des tutelles

Le juge des tutelles exerce un contrôle vigilant sur les frais prélevés dans le cadre de la tutelle. Il peut :

  • Refuser certaines dépenses jugées injustifiées
  • Demander des explications sur des mouvements financiers suspects
  • Révoquer le tuteur en cas d’abus financier avéré
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Ce contrôle judiciaire constitue une garantie essentielle contre d’éventuels abus.

Les aides possibles pour financer la tutelle

Les allocations spécifiques

Différentes aides peuvent contribuer à financer les frais liés à la tutelle :

  • L’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH)
  • La Prestation de Compensation du Handicap (PCH)
  • L’Aide Sociale à l’Hébergement (ASH) pour les personnes en établissement

Ces allocations, soumises à conditions de ressources, allègent considérablement la charge financière de la mesure de protection.

Les déductions fiscales

Certains frais liés à la tutelle peuvent ouvrir droit à des avantages fiscaux :

  • Réduction d’impôt pour les tuteurs familiaux dans certaines situations
  • Déduction possible des frais de mandataire judiciaire sur la déclaration de revenus
  • Abattement spécifique pour les personnes sous tutelle en établissement spécialisé

Un conseil fiscal personnalisé peut s’avérer précieux pour optimiser ces avantages.

Pour aller plus loin

La question « qui paie les frais de tutelle ? » trouve donc une réponse nuancée. La personne protégée assume généralement la majeure partie des coûts, en fonction de ses ressources. L’État intervient en complément pour garantir l’accès de tous à cette protection juridique essentielle.

Une communication transparente entre tous les acteurs impliqués (famille, juge, mandataire) et une planification financière rigoureuse permettent d’aborder sereinement cette mesure de protection, dont l’objectif premier reste la sauvegarde des intérêts de la personne vulnérable.

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